Bonjour messieurs et mesdames !
Comment allez vous aujourd’hui ?
Bon, il me semble que le dernier message était légèrement pompeux alors intéressons nous plutôt au Sénégal si vous le voulez bien !
Je suis donc arrivée à Dakar par un vol AirFrance, la classe ! Les billets d’avion étaient payés par le ministère s’il vous plait (je signale au passage que c’est mon 1er stage rémunéré !! 200€/mois ! Ya pas à dire, le développement, ca paie !), nous avons donc bu du champagne à la santé du gouvernement français! C’était il y a près d’une semaine et à ma grande surprise, il ne faisait pas si chaud à notre arrivée (25-30° en journée pour 20 le soir !).
J’ai découvert là Dakar, une ville qui ressemble à Ouaga en ce qui concerne son désordre organisé : des centaines de marchands sur les trottoirs et en bord de route qui vendent de tout (fruits, légumes, chaussures, livres, vêtements, montres et gadgets en tout genre…!), des quartiers bondés où se croisent voitures, motos, charrettes et Dianga n’diay (sorte de mini-bus peints de toutes les couleurs à durée de vie quasi illimitée et pouvant contenir un grand nombre de passagers). Cependant, il est aisé de constater que le Sénégal est plus « développé » que notre cher Faso ! Ici, les voitures sont bien plus nombreuses et les gens ont des vêtements qui semblent plus neufs ! Les routes sont bonnes et la ville est bien plus vaste que Ouaga. N’oublions pas du coup que les prix sont à la hauteur du reste : on ne trouve pas de repas à moins de 500 FCFA ici ! Cependant, de nombreux enfant mendient leur repas dans de grandes boites de concentré de tomate mais ne nous y trompons pas ce sont les petits talibés, élèves de marabouts, sorte de petits esclaves au service des corporations religieuses.
Bref, nous avons été accueillis par nos binômes sénégalais et leurs professeurs. Installés comme des princes au niveau des dortoirs de l’ENEA (école d’économie de Dakar avec qui nous travaillerons les 4 prochains mois), nous avons goutés à nos 1ers repas sénégalais : du tiébou diene (plat traditionnel wolof à bas de riz, de légumes et de poisson), un vrai délice ! et pris nos 1ers thés dans les chambres de nos nouveaux collègues ! Ma binôme se nomme Awa Koita. Elle est Mandingue et notre village d’étude (Diana Malari) se trouve à 15Km de son village natal. Ca promet !
La découverte de Dakar n’est pas pour moi très surprenante tant l’atmosphère me rappelle une certaine Ouaga mais je renoue avec grande joie avec la vie à l’africaine : je palabre sans cesse avec n’importe qui, rigole à tout instant, négocie chaque chose ardemment et me gave de mangues juteuses à toutes heures ! AH !!! Ca commençait à vraiment me manquer ! Et c’est ainsi que se sont écoulés nos 5 premiers jours, le tout entrecoupé de séances de travail, de présentation de notre méthodo aux principaux partenaires, de recherches bibliographiques et d’un fabuleux repas chez Abou (un étudiant sénégalais qui a suivi avec nous la formation au CNEARC cette année), et d’organisation des départs vers les villages ! 3 d’entre nous partiront dans le Ferlo (nord du pays, très chaud, très sec, presque un désert et au mileu des éleveurs nomades Peuls), bonnes chances à eux (ils en auront besoin étant donné la rudesse de l’environnement) ! 3 autres iront dans les Terres Neuves (centre du pays, climat moins sec mais très chaud, il y fait actuellement 45° !! où l’arachide est la culture de rente qui fait majoritairement vivre la population). Et enfin nous, en partance pour la Haute Casamance, au sud, coincée entre la Gambie et les Guinées ! Le climat ici rappelle celui de Bobo Dioulasso (j’ai choisi cette zone d’étude car elle est très proche de notre cher Tengréla), une saison des pluies de presque 3 mois et demi voire 4 messieurs-dames !! s’il vous plait ! Le hic, puisqu’il en faut toujours un, c’est que la Casamance est bien enclavée, détachée du reste du pays par la longue bande que forme la Gambie de part et d’autre du fleuve Gambie ! Héhé ! Et pour y aller, il y a 2 solutions : le trans-gambien (rapide et avec des routes de bonne qualité) ou contourner la Gambie, ce qui implique de longues heures sur des routes défoncées ! Et devinez la solution que nous avons adoptée… Suspens… La 2ème évidemment ! Afin de minimiser les couts, nous sommes partis avec le groupe des terres neuves, que nous avons largué en route pour mieux repartir vers le sud chargés de nos matelas, bouteilles de gaz, bagages et motos ! Le tout dans un car rapide (mais pas du tout rapide en fait !! surtout quand la route est parsemée de trous d’un mètre de large pour 30 bons cm de profond !). On a eu chaud, on a somnolé, on a mangé, on a évité quelques chèvres de façon chaotique, on a klaxonné, on a acheté des fruits et des noix de cajou par la fenêtre à des femmes marchant pieds nus toute la journée sur l’asphalte brulant, on a dormi, on a vu des villages et des villages, de la brousse, des buissons épineux, des troupeaux de bovins avec leur bosse sur le dos, des baobabs et on était heureux ! Bon, soyons honnêtes, on était heureux les 5 premières heures, puis on était souriants les 5 suivantes, puis on était mous les 5 d’après et enfin on était franchement épuisés les 5 dernières ! 20 heures de chahutements et de bruits de tagazou, ça vous use un jeune français ! Nous avons rejoints sains (ou presque), saufs et sales notre base de Kolda !
Allez, le devoir m’appelle ! Il faut aller tester les motos !! Je vous embrasse tous très forts et vous souhaite une excellente journée !
OH ! J’ai failli oublier de vous donner des news du Burkina ! Alors Charly souffre dans son corps et transpire fort fort ! Mais figurez vous qu’il aime ça ! Que fait-il ? Il défriche pardi! Oui, messieurs-dames, il tranche à la machette ! Rien ne lui résiste ! Et pourquoi donc ? Pour l’avenir messieurs-mesdames, pour l’avenir ! Il redessine les contours de nos terres envahies par la végétation et prépare le terrain où dans les jours prochains, il plantera manguiers et papayers, citronniers et bananiers ! Quel homme !! Mon amour, tu es le meilleur ! Vive toi !!
A très vite mes amis, d’ici là prenez bien soin de vous !
Emilie Milou
Ps : Jean-Claude, comment allez-vous ? Et la santé ? et la famille ? Ca fait plaisir d’avoir des nouvelles ! alors, quoi de neuf ?
Pps : et les parents !! si vous donnez des nouvelles, c’est pas grave ! P’tete même que ca me ferait plaisir ! En tout cas, je vous embrasse de tout mon cœur et je pense bien à vous ainsi qu’à Sass ! Allez Daddy, voici plein d’énergies de brousse, c’est bon pour la santé (testé et approuvé par les laboratoires Milou corporation!